Vive le bilinguisme
Pour les besoins de cette étude, les participants, tous âgés de plus de 60 ans, ont été soumis à des tests cognitifs mesurant les capacités cognitives générales, dont les aptitudes de mémorisation, et à des échelles diagnostiques de démence, incluant la maladie d'Alzheimer et les troubles cognitifs légers. Parallèlement leur maîtrise d'une ou plusieurs langues a été évaluée.
Les résultats ont fait apparaître un effet puissant du bilinguisme sur le risque de démence. Alors que ce risque est globalement de 5% parmi les personnes ne parlant qu'une seule langue, ils tombent à 0,4% chez les bilingues tout comme chez se maîtrisant trois langues ou plus un risque presque nul donc.
Le fait de parler plusieurs langues est réputé créé une réserve cognitive. Un capital synaptique qui protège contre les phénomènes de mort neuronale qui interviennent avec l'âge. D'une part grâce au surcroît de connexion créée pour communiquer dans différents idiomes, mais surtout du fait que la flexibilité mentale que cela confère.
Passer d'une langue à l'autre requiert toute une gymnastique cérébrale, il faut enclencher un ensemble de neurones habitués à parler une langue : tout en maintenant les autres au silence, un mécanisme appelé inhibition cognitive qui sollicite justement la partie du cerveau responsable des fonctions dites exécutives qui ont tendance à s'étioler avec l'âge.
On vieillit moins quand on jongle avec les langues. Offrir aux enfants la chance d'acquérir cette habileté, c'est conférer un atout santé majeur à leur cerveau et un encouragement à continuer à apprendre à parler plusieurs langues à l'heure où les applications de traduction instantanées promettent de conserver, via son smartphone, avec les passants de n'importe quelle ville du monde.
*Source : Magazine Cerveau & Psycho – Numéro 165 – Mai 2024